Le Cameroun nâest pas qualifiĂ© pour la Coupe du Monde, et pourtant, on cĂ©lĂšbre bruyamment une victoire face Ă la Libye, une Ă©quipe classĂ©e 118e au classement FIFA. Ce triomphe, aussi modeste soit-il, a Ă©tĂ© lâoccasion pour certains de sortir le champagne, Ă commencer par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, qui, entourĂ© de plusieurs laudateurs, sâest permis de fĂȘter de maniĂšre ostentatoire en se moquant des dirigeants de la Fecafoot. Ce genre dâattitude est irresponsable et dangereux, car il donne lâillusion que tout va bien, alors que cette victoire devrait au contraire ĂȘtre rapidement oubliĂ©e pour laisser place au travail sĂ©rieux et Ă la prĂ©paration des Ă©chĂ©ances Ă venir, notamment le dĂ©placement difficile Ă Praia contre le Cap-Vert en septembre.
Le sĂ©lectionneur Marc Brys nâa pas encore dĂ©montrĂ© sa capacitĂ© Ă faire gagner lâĂ©quipe Ă lâextĂ©rieur, ce qui devrait pousser tout le staff technique Ă tirer les leçons et Ă prĂ©parer avec luciditĂ© la suite. Il est urgent de programmer un match amical solide lors de la fenĂȘtre FIFA de juin, contre un adversaire de haut niveau, pour mieux Ă©valuer notre rĂ©el niveau et travailler sur nos nombreux points faibles. Malheureusement, il est inquiĂ©tant dâapprendre que Marc Brys ne souhaite pas disputer de match amical, par peur que son Ă©quipe ne perde et que cela ne vienne ternir lâimage de sa gestion. Une telle attitude est inacceptable Ă ce niveau, car elle reflĂšte un manque de courage et de responsabilitĂ©. Le rĂŽle dâun sĂ©lectionneur nâest pas de protĂ©ger son image, mais de faire progresser son Ă©quipe, quitte Ă passer par des dĂ©faites utiles et formatrices.
Marc Brys doit aussi dĂ©finitivement faire preuve de respect envers ses adjoints camerounais que sont Martin Ndoungou Mpille, François Omam Biyick, Idriss Carlos Kameni, David Pagou et Alioum Boukar. Ces hommes ont portĂ© haut les couleurs du Cameroun, certains comme joueurs, dâautres comme techniciens, et ils mĂ©ritent dâĂȘtre traitĂ©s avec considĂ©ration. Quâil cesse de les rabaisser en mondovision, car leur expĂ©rience et leur dĂ©vouement sont des atouts prĂ©cieux pour lâencadrement technique. Lâarrogance nâa pas sa place dans un projet collectif.
Parmi les failles Ă corriger, la dĂ©fense est un chantier prioritaire. Aussi sympathique et expĂ©rimentĂ© soit-il, Michael Ngadeu ne rĂ©pond plus aux attentes actuelles, et il serait temps dâavoir le courage de le laisser sur le banc de touche. Vincent Aboubakar, auteur de deux buts face Ă la Libye, reste un joueur important, mais il ne faut pas que lâĂ©quipe nationale devienne un instrument au service de sa course aux records. Battre le total de buts de Samuel Etoâo est une ambition lĂ©gitime, mais cela ne doit pas prendre le pas sur lâintĂ©rĂȘt collectif. Et puis, au-delĂ des buts, Etoâo câest aussi quatre Ballons dâOr africains, des titres de meilleur buteur en Liga, des Ligues des champions et une reconnaissance comme lâun des plus grands joueurs africains de tous les temps. Il est donc inutile de mettre une pression excessive sur Aboubakar ou de sacrifier lâefficacitĂ© de lâĂ©quipe pour satisfaire une quĂȘte personnelle.
Aujourdâhui, plusieurs joueurs nâont plus leur place dans cette Ă©quipe. Le ministĂšre des Sports doit cesser de tirer les ficelles en coulisses et de crĂ©er du dĂ©sordre au sein des Lions Indomptables. Le coach Marc Brys, de son cĂŽtĂ©, devrait faire preuve dâhumilitĂ© et aborder sans dĂ©tour la question de son adjoint, car tout porte Ă croire que le vrai meneur dâhommes sur le banc est Joachim Mununga, son assistant. Cela crĂ©e une ambiguĂŻtĂ© prĂ©judiciable Ă lâautoritĂ© du staff technique.
Enfin, le cas dâAndrĂ© Onana ne peut plus ĂȘtre ignorĂ©. MĂȘme si la Fecafoot a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e de la gestion directe de la sĂ©lection depuis le palais dâEtoudi, il est impĂ©ratif que les membres du comitĂ© exĂ©cutif prennent leurs responsabilitĂ©s. Il faut convoquer les joueurs, remettre les choses Ă plat et rappeler Ă chacun ses devoirs envers le maillot national. Lâindiscipline, les conflits internes et les intĂ©rĂȘts personnels doivent ĂȘtre mis de cĂŽtĂ© si lâon veut que les Lions Indomptables retrouvent la grandeur quâils mĂ©ritent.